dix-huit mois de recherche-action au sein d’une résidence sociale, artistique et temporaire à Strasbourg

09 ¦ 2020
Hospitalités

Hospitalité → Accueil → Réception → Hébergement → Logement

09 ¦ 2020 · Hospitalités HospitalitéS
En questionnement Le champ lexical de l’hospitalité
Illustration Pancarte de bienvenue – Cour de l’Odylus, 2 juillet 2019 (photo Emeline Burckel / Rue89 Strasbourg / cc
Auteur·e·s Pauline, membre d’Horizome, présente à l’Odylus d’avril 2018 à octobre 2020

↘  À partir de l'extraction du champ lexical de l'hospitalité sur le site du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), on tend à démontrer comment, par rebonds sémantiques, il est lié de près à la question du logement. Ainsi, on arrive par le couplage entre synonymie et proxémie, à passer de l'hospitalité vers l'accueil et la réception pour arriver à l'hébergement et finir sur le logement...  ↙

HOSPITALITÉ | Lexicographie

A. — Antiquité
Droit réciproque pour ceux qui voyageaient de trouver, selon des conventions établies entre des particuliers, des familles, des villes, gîte et protection les uns chez les autres.
  ♦ Les devoirs, le droit, la loi de l'hospitalité.
→ Mais les Romains ne violèrent jamais l'hospitalité : Sylla trouva un asile dans la maison de Marius. (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 142)
→ Jupiter était le dieu de l'hospitalité; c'est de sa part que venaient les étrangers, les suppliants, « les vénérables indigents », ceux qu'il fallait traiter « comme des frères. » (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 155)

B. — Vieilli
1. Accueil, hébergement des pèlerins, des voyageurs, des indigents dans des maisons hospitalières.
2. Obligation où étaient certaines abbayes de recevoir les voyageurs.

→ En général, les monastères étoient des hôtelleries où les étrangers trouvoient en passant le vivre et le couvert. Cette hospitalité, qu'on admire chez les Anciens, (...) étoit en honneur chez tous nos religieux (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 549)

C. — Action de recevoir chez soi l'étranger qui se présente, de le loger et de le nourrir gratuitement
→ Il n'est besoin d'emporter avec soi ni armes, ni provisions, ni argent; l'hospitalité vous est offerte partout, cordiale et gratuite (Loti, Mariage, 1882, p. 123)
→ Cette hospitalité tout espagnole, généreuse et sans réserve, m'est offerte par un homme que je connaissais à peine (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 310)
→ Aucun peuple n'a porté plus loin l'hospitalité que les anciens Écossais : chaque souverain avait dans son palais une salle des fêtes; tous les étrangers y étaient admis sans distinction. (Baour-Lormian, Ossian, 1827, p. 27)
→ ... de tous les coins de France, des caravanes s'acheminaient vers ce château où les artistes, les poètes, les savants trouvaient une hospitalité princière, une aise bon enfant, des dons de bienvenue et des largesses de départ. (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 78)


♦ a) Hospitalité des montagnards, des paysans ; aimable, bonne, charmante hospitalité; demander, proposer, refuser l'hospitalité à qqn; accepter, exercer, pratiquer l'hospitalité; remplir le devoir de l'hospitalité; remercier qqn de son hospitalité; donner l'hospitalité à quelqu’un pour la nuit.
  ♦ b) [Par référence aux traditions de l'hospitalité] Salut d'hospitalité ; repas, sel de l'hospitalité; rompre le pain de l'hospitalité.


− Par extension. Action de recevoir chez soi une ou plusieurs personnes de sa connaissance.
→ Jamais non plus je n'oublierai votre maison de la rue de Grammont, l'exquise hospitalité que j'y trouvais, ces dîners du mercredi, qui étaient une vraie fête dans ma semaine (Flaub., Corresp., 1856, p. 127)
→ Madame de La Sablière est surtout connue pour avoir accordé à La Fontaine une hospitalité gracieuse (...). La maison de madame de La Sablière était l'hôtellerie des savants (A. France, Vie littér., 1892, p. 325)
[métaphore.] Il y a des moments où on a besoin de sortir de soi, d'accepter l'hospitalité de l'âme des autres (Proust, Guermantes 1,1920, p. 144)

D. — Asile, protection accordée à un exilé, à un réfugié
→ Tu sais, tu es hors la loi, mais il y a une maison où je t'offre l'hospitalité et où tu seras en sûreté (Goncourt, Journal, 1890, p. 1185)
→ C'est sous une inspiration à la fois généreuse et calculée que l'Angleterre offrait l'hospitalité à ces états réfugiés (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 82)
→ Il oublie qu'il m'a probablement sauvé la vie en m'accordant un asile à une époque où l'hospitalité passait en France pour le plus grand des crimes. (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 284)

E. — Générosité de cœur, sociabilité qui dispose à ouvrir sa porte, à accueillir quelqu'un chez soi, étranger ou non (Un cœur plein de bienveillance et d'hospitalité)
→ Notre voyage dans la Turquie d'Europe, chez les Bulgares et chez les Serviens, a été, de la part des Turcs, des Bulgares et des Serviens, un enchaînement continuel de prévenances, d'hospitalité, de bontés inexprimables (Lamart., Corresp., 1833, p. 343)

HOSPITALITÉ | Étymologie

1. circa 1200 « hébergement gratuit des étrangers, pélerins, indigents » (Dial. S. Grégoire, 127, 6 ds T.-L.)
2. 1538 antiquité (Est. ds FEW t. 4, p. 498 b). emprunt au latin hospitalitas
« action de recevoir comme hôte, liens d'hospitalité, rapports entre les hôtes » à l'époque classique ;
« droit de gîte » à l'époque médiévale ([863] xies. ds Nierm.).

HOSPITALITÉ | Synonymie

Synonymes du substantif hospitalité :
accueil
→ amabilité
→ convivialité
→ réception

ACCUEIL | Lexicographie

A. — Fait d'accueillir.
1. [L'accueil est l'œuvre de personnes]
a) [L'accueil a pour objet des personnes] :
→ Les hommes avaient échangé des coups d'œil, avec une moue significative. Félicité sentit le peu de bienveillance de cet accueil. Elle en sembla irritée ; elle resta debout au milieu du salon, haussant le ton, forçant ses invités à entendre les compliments qu'elle adressait à l'abbé Faujas. (É. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 949)
→ Alors, mes enfants, dit Blondel, d'une voix traînante, on fait la noce ? Seul, Fischer lui adressa un geste d'accueil. Sans se laisser déconcerter, l'autre reprit : − Une belle journée, hein ? Pour les patriotards et compagnie ! Ton frère a dû en être heureux, Villars ? (M. Arland, L'Ordre,1929, p. 165)


− En particulier dans la tournure fréquente faire (à quelqu’un) un accueil... (+ adjectif ou équivalent) :
→ L'accueil plein de cordialité qu'il nous fit semblait naître du plaisir qu'il éprouve à voir de tems en tems la figure d'un honnête homme. (V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, 1813, p. 298)
→ Pour les [Bourgeois de Gand, d'Ypres et de Bruges] gagner, on leur fit grand accueil, le roi leur toucha dans la main ; ils reçurent de riches présens. (P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 4, 1821-1824, p. 6)
→ Alors, il se plaignit du mauvais accueil qu'on lui faisait maintenant chez les Buteau. Mais elle n'avait pas la tête à cela, elle se taisait, elle ne lâchait que des paroles brèves. (É. Zola, La Terre,1887, p. 247)
→ Aucun pays ne fit à ce pasteur mystique un accueil aussi enthousiaste que la France incrédule. C'est que l'Angleterre connaissait de vieille date la rhétorique dont le président faisait usage. (J.-R. Bloch, Destin du siècle,1931, p. 87)


♦ Lieu d'accueil, centre d'accueil. Où l'on accueille (des personnes) :
→ Simon songea avec tristesse que la maison de la rue de Lubeck allait cesser d'être un lieu d'accueil et de pèlerinage. (M. Druon, Les Grandes familles,1948, p. 55)
→ La « chambre de commerce français » joue son rôle dans les échanges entre la Grande-Bretagne et les territoires ralliés. Le «centre d'accueil de la France libre» reçoit ceux qui viennent de France. L'«hôpital français» soigne bon nombre de nos blessés. En m'associant à ces diverses institutions, je vise à resserrer en Angleterre, comme je tâche de le faire ailleurs, la solidarité nationale. (Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, L'Appel, 1954, p. 240)

Remarque 1. L'accueil est en principe favorable (merci de votre accueil) ; dans le cas contraire, un déterminatif doit le préciser.
Remarque 2. Autres syntagmes : un accueil des plus flatteurs, le bon accueil accoutumé, un accueil cordial, charmant… ; un accueil froid, glacial.


b) [L'accueil a pour objet des choses, le plus souvent résultats d'une activité humaine : livre, spectacle...] :
→ La mine de Badinguet, indigné de la pièce, ou plutôt de l'accueil fait à la pièce ! Hénaurme ? splendide! Ce bon Badinguet qui désire des chefs-d'œuvre, en cinq actes encore, et pour relever les Français ! Comme si ce n'était pas assez d'avoir relevé l'ordre, la religion, la famille, la propriété, etc., sans vouloir relever les Français ! (G. Flaubert, Correspondance,1853, p. 415)
→ Cet effort d'attention pour ne pas vaguer, butiner, pour ne pas donner accueil à ces mille riens absurdes, à ces mouches psychologiques ou pseudo-psychologiques qui courent sans relâche, en je ne sais quels futiles zigzags éperdus, sur la vitre de notre âme : tout ce que marque de façon définitive, et avec quelle profondeur, le fragment du sermon de Donne sur la prière qui figure au début de l'anthologie de Logan Pearsall Smith. (Ch. Du Bos, Journal, août 1928, p. 161)
→ Lecture de la Bible en grec et en hébreu avec un très grand plaisir, et travaillé à mon roman ; cette nuit, pourtant, je me suis demandé avec inquiétude quel accueil on ferait à un livre aussi noir; mais il est ce qu'il est, et je n'y puis absolument rien. (J. Green, Journal,1949, p. 300) → Le 24 février, j'avais, dans le même sens, écrit au général Weygand, en dépit du sort fâcheux auquel il m'avait voué et de l'accueil disgracieux qu'il avait fait à ma précédente missive. (Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre. L'Appel, 1954, p. 150)

2. Par extension. Ce qui accueille est un inanimé personnifié ou rappelant l'homme, comme par exemple un élément de son vêtement ou de son mobilier :
→ La mort leur fit accueil. La peste vint ensuite. (J.-C. C. de Florian, Fables, La Mort, 1792, p. 55)
→ Des momies rangées tout le long de l'antichambre vous faisaient accueil... (A. France, Le Livre de mon ami,1885, p. 74)
→ Il y a mille façons d'aborder au même port : elles dépendent du voyage, et l'accueil de la rive n'est jamais que le reflet de l'âme qu'on lui ramène. (É. Estaunié, L'Ascension de Monsieur Baslèvre,1919, p. 310)
→ Il n'est plus permis aux gens de cette espèce de prendre leur part du cratère et des libations versées. Il est écarté des autels par l'invisible colère de l'ancêtre. Nulle maison ne s'ouvre pour lui et ne lui fait accueil. Sans honneurs et sans amis, il finit par crever, il périt tout entier, lui et sa vile carcasse ! (P. Claudel, Les Choéphores, trad. d'Eschyle, 1920, p. 924)
→ L'accueil de la maison est alors si total que ce qu'on voit de la fenêtre appartient à la maison : ... (G. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 73)

− Exceptionnellement et par ironie [L'agent est un animal] :
→ Vers une heure du matin, Julien, chargé de son échelle, entra dans Verrières. Il descendit le plus tôt qu'il put dans le lit du torrent, qui traverse les magnifiques jardins de M. Rênal à une profondeur de dix pieds, et contenu entre deux murs. Julien monta facilement avec l'échelle. Quel accueil me feront les chiens de garde ! Pensait-il. Toute la question est là. (Stendhal, Le Rouge et le noir,1830, p. 214)

B.− Manière d'accueillir (une personne) :
→ L'accueil de M. Andrieu a été beaucoup moins amical. Après de grandes recherches, je l'ai trouvé dans le jardin ; il m'a toujours bien reçu, mais un peu froidement. (J. Michelet, Journal,1820, p. 120)
→ ... aussitôt elle se mit en prières et demanda à Dieu de la rendre agréable à ses amis ; puis s'étant habillée le mieux qu'elle pouvait, elle alla rejoindre son mari et les envoyés de son père. Non seulement elle les enchanta par la cordialité de son accueil, par la douceur et l'aménité de ses manières, par sa beauté qui brillait d'un éclat et d'une fraîcheur toute spéciale. ... (Ch. de Montalembert, Hist. de sainte Élisabeth de Hongrie,1836, p. 89)
→ Gêne de me rencontrer avec Renan et d'échanger des poignées de main et des chers amis, ne sachant pas s'il a lu des fragments de mon journal sur le siège, publiés dans l'Écho de Paris. Mais à la chaleur banale de son accueil, il semble n'en savoir rien ou affecter de n'en savoir rien. (E. et J. de Goncourt, Journal, avr. 1890, p. 1154)

− En particulier. Dispositions psychologiques permanentes qui déterminent chez une personne sa façon d'accueillir et de manifester sa sociabilité : → J'observais en silence et je m'attristais de sentir que malgré moi l'amitié de cette honorable famille allait m'échapper et m'être enlevée par les événements. Je les avais connus sous l'Empire simples, aimables, instruits, aimant les beaux-arts et en parlant bien, ouverts de cœur, d'accueil, de regard, de sourire et de langage. La Restauration les rendit humoristes, ombrageux et méchants. (A. de Vigny, Mémoires inédits,1863, p. 58)
→ Sur Hofmannsthal, je vois la possibilité d'être nuancé, délié, subtil, minutieux ; mais il n'offre pas prise au grand, parce que, quels que soient sa générosité, son accueil, son hospitalité, cependant Hofmannsthal n'est pas grand. (Ch. Du Bos, Journal, août 1926, p. 89)
→ Il avait l'accueil ouvert, le geste large. Il usait envers les paysans d'une familiarité protectrice, grâce à laquelle il obtenait tout d'eux, sans qu'ils osassent lui rien demander. (M. Arland, L'Ordre,1929, p. 36)

− Par analogie. [En parlant de choses plus ou moins personnifiées ou proches de l'homme] :
→ Par la fenêtre, j'aperçus un pan de ciel ; je tournai la tête : de vieux meubles fatigués, sans accueil. (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire ? ,1934, p. 280)

II.− Le fait d'être accueilli ; la manière dont quelqu’un (ou quelque chose) est accueilli.

A. — [En parlant d'une personne (l'accueil réservé à quelq’un)] :

→ C'était un homme de manières agréables et nobles, qui savait plaire à tous. Aussi reçut-il l'accueil le plus empressé : les princes allèrent au-devant de lui ; le roi lui donna des fêtes, le logea en l'hôtel de Clisson, paya sa dépense, et le prit dans un tel gré, qu'il lui accorda sa propre devise à porter. (P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 2, 1821-1824, p. 241)
→ La brillante élève de Tartini, Mme Sirmen [Maddalena Lombardini de] se fit entendre en 1769 dans un concerto de son maître. Elle revint en 1785, mais n'obtint pas un accueil aussi chaleureux. C'est à elle que Tartini écrivit une longue lettre, datée de Padoue, sur l'art de jouer du violon. (L. Grillet, Les Ancêtres du violon, t. 2, 1901, p. 131)
→ J'ai trop souci de la vérité pour taire le fâcheux accueil que je dus essuyer à mon retour au foyer. (A. Gide, La Symphonie pastorale,1919, p. 880)

B. — [En parlant d'une chose (l'accueil réservé à quelque chose)] :
→ Le poème d'Amadis des Gaules, faisant suite aux Chevaliers de la table-ronde, mérite l'accueil flatteur qu'il a reçu du public. (V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 4, 1813, p. 356)
→ « Je l'affirme, répondit celui-ci, nullement déconcerté par le brutal accueil que venait de recevoir sa confidence, et si tu voulais qu'on mît à la torture Gallienus, ami de l'évêque, et Platon, son archidiacre, ils le convaincraient devant toi d'avoir dit cela. » (A. Thierry, Récits des temps mérovingiens, t. 2, 1840, p. 221)
→ Les noms changent, mais l'aventure est toujours la même. Ainsi Racine jadis « fabriqué » par Boileau et qui passera comme le café. C'est l'accueil réservé à toute poésie que le temps n'a pas encore consacrée. (H. Bremond, La Poésie pure,1926, p. 86)
→ ...mes œuvres qui avaient d'abord trouvé un accueil hostile ont été acclamées bientôt après... (I. Stravinsky, Chroniques de ma vie,1931, p. 187)

Remarque Sens et champ paradigmatique du mot accueil. Il y a deux sortes d'accueils : celui que l'on fait, celui que l'on reçoit. Cette distinction correspondant à celle de l'emploi actif et de l'emploi passif du verbe accueillir. L'accueil que l'on fait témoigne des dispositions, d'une attitude de l'«accueillant» pour celui qui est accueilli. Parfois il révèle un aspect psychologique de la personnalité qui accueille. Si entrent en jeu des agents inanimés, ils le peuvent par l'artifice de la personnification ou par la proximité avec des préoccupations humaines. L'accueil dans ce cas entre dans le champ paradigmatique de l'ouverture qui peut s'adresser aux êtres comme aux choses, être négative ou positive, favorable ou défavorable selon qu'un sentiment de sympathie ou d'antipathie préside à l'accueil. L'accueil que l'on reçoit peut provenir à la fois d'êtres et de choses. Ce n'est plus alors la notion d'ouverture qui prévaut mais celle de réceptacle, de contenant. Pour les animés, il s'agit de laisser entrer l'accueilli dans l'intimité physique, intellectuelle, morale de celui qui accueille. Une valeur sociale s'attache à cet accueil comme le montrent les syntagmes : maison, centre d'accueil. Les choses accueillent aussi : un fauteuil, une maison. Accueillir signifie alors «entrer dans l'enclos de leurs limites, se mouler dans leurs formes, se conformer à leurs mesures ».

ACCUEIL | Étymologie

1. Avant 1188 « manière de recevoir »
→ Partonopeus ot fait le jor Dont le coisisent al mellor C'onques vëiscent de lor iols; Et il lor fait si beaus achiols Qu'il est tenus al plus cortois C'onques vëiscent li François. (Partonopeus de Blois, 2292, éd. Crapelet ds T.-L.)
2. Fin XIIe-début XIII e siècles. « idem »
→ Et s'est de si tres bel acueil Que toz li monz l'en doit prisier. (Gace Brulé, Chansons, LIV, 12 éd. G. Huet ds Arch. St. n. Spr. 140, p. 98)
3. D'où fin XIIe. metre en mal accueil « mettre dans un situation difficile »
→ Les douze per[s] a mis en mal aquoil. (Ronceveaux, éd. Fr. Michel, CCCCLIII ds T.-L.)
4. Circa 1230 Bel Acueil, pers. Allegor.
→ ...Je vi vers moi tot droit venant Un vallet bel et avenant En cui il n'ot rien que blasmer. Bel Acueil se fessoit clamer, Fius fu Cortoisie la large. (Roman de la Rose I Guillaume de Lorris, éd. F. Lecoy, vers 2776)
Substantif verbal de accueillir* au sens 3 ; cf. avec ancien français metre en mal acueil l'ancien français metre en mal escueil. (1erquart xiiie, Renclus)

ACCUEIL |Synonymie

Synonymes du substantif accueil : → réception
→ abord
→ entrée
→ amabilité
→ hospitalité
hébergement
→ mine
→ refuge
→ réaction
→ hall
→ chère
→ bonté
→ bienvenue
→ asile
→ accès
→ traitement

HÉBERGEMENT | Lexicographie

Action d'héberger ; résultat de cette action. Synonyme. accueil, logement.
→ Les hospices pourvoient à l'hébergement des vieillards (Réforme hospital.,1959, p. 14)
→ Le camping représente le mode d'hébergement le plus simple (Tourisme Fr.,1960, p. 45)


♦ Camp, centre d'hébergement. Lieu où l'on peut accueillir provisoirement des personnes sans abri, en état de détresse physique ou morale.
→ On distingue trois groupes d'aide : le premier (enfance, hygiène prévention) (...). Le second (malades mentaux − centres d'hébergement)… (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 266)
→ La situation des étrangers en France et le problème que soulèvent les camps d'hébergement, où sont actuellement groupés 35 000 étrangers ont été particulièrement étudiés (...). Un camp sera spécialement réservé aux enfants et à leur famille. (L'Œuvre,7 févr. 1941, p. 3, col. 3.)
→ La cuscute (...) semble ainsi accepter l'hébergement d'une foule (une centaine) de virus végétaux (Morand, Confins vie,1955, p. 140)

HÉBERGEMENT | Étymologie

1. 1155 herbergement « logement, habitation » (Wace, Brut, 6938 ds T.-L.)
XIIIe siècle. hebergement (Vilain d'Arras, Chanson ap. A. Dinaux, Trouvères artésiens, p. 467)
2. 1586 « action de loger » (E. Pasquier, Lettres, XIII, 11 ds Hug.).
Dérivé de héberger ; suffixe -(e)ment.

HÉBERGEMENT | Synonymie

Synonymes du substantif hébergement : → accueil
logement

LOGEMENT | Lexicographie

A. — Action de loger ou de se loger.
1. [Le logement concerne une pers.]
♦ Assurer, donner, offrir le logement à quelqu’un ; le logement et la nourriture.
→ Ainsi, le sou pour livre donnait environ quatre cents francs au ménage Cibot, qui trouvait en outre gratuitement son logement et son bois (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 45)
→ Les affaires de cave et de table, de logement et de villégiature, d'écus et de centimes vont devenir impérieuses, sinon absorbantes (Amiel, Journal,1866, p. 405)


2. [Le logement concerne un certain nombre d'individus, une collectivité]
  Le problème, la politique du logement
→ Je le répète, c'est très agréable à voir et, me dit-on, à habiter ; peut-être un peu camelote (ciment armé, poutrelles de fer), mais pourvu d'électricité, de chauffage central, de téléphone, d'installations hygiéniques. Et voilà comment ils savent régler la crise de logement où nous pataugeons. (Barrès, Cahiers, t. 14, 1923, p. 255)
− INTENDANCE MILITAIRE. Action de loger des troupes chez l'habitant.

♦ Billet de logement. Ordre de réquisition imposant de loger un militaire.
→ C'était la mode, d'ailleurs, chez les Allemands, de mettre de ces inscriptions-là sur les bons de réquisition ou de logement. (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 124)
→ Les officiers avaient été logés, autant que possible, chez les gens riches; ils avaient bon besoin de se refaire. Par exemple, un lieutenant, nommé Robert eut un billet de logement pour le palais de la marquise del Dongo. (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 5)

B. —
1. Tout local à usage d'habitation.
  ♦ Logement convenable, particulier ; logement garni, inoccupé, insalubre, vacant ; ancien, étroit, nouveau, petit logement ; avoir, changer de logement ; chercher, louer, trouver un logement ; s'installer, vivre dans un logement.
→ Dans l'autre partie de la maison, elle a trouvé de quoi faire deux logements ayant chacun une antichambre et un cabinet. (Balzac, Béatrix,1839, p. 86)
→ Le logement est meublé, n'est-ce pas ? demanda-t-il. − Du tout, il n'y a pas un meuble ; nous ne l'avons jamais habité (...). − Comment ! mais j'avais formellement recommandé dans ma lettre de louer un logement meublé. (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 908)
♦ Logement de fonction. Logement fourni au salarié en vertu du contrat de travail et nécessaire à l'exécution de ses fonctions. (Jur. 1971).

2. TECHNOLOGIE. Emplacement dans lequel vient s'insérer une pièce mobile ou non.
→ Le chargement par la culasse rend indispensable l'emploi d'un système d'obturation qui empêche les gaz de s'introduire entre le mécanisme de fermeture et son logement. (Alvin, Artill., Matér.,1908, p. 71)

LOGEMENT | Étymologie

1. Circa 1275 «campement des troupes» (Adenet le Roi, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 6892)
2. 1607 « local réquisitionné chez l'habitant par l'autorité militaire pour y loger des troupes de passage » (Hulsius d'apr. FEW t. 16, p. 449a)
3. 1609 « local à usage d'habitation » (G. Vittori, Tesoro de las tres lenguas, Genève, Ph. Albert et A. Pernet)
4. 1690 « action de loger, de se loger » (Fur.)
5. 1873 « emballage d'une marchandise » (Gaz. des Trib., 17 oct., p. 1006, 1recol. ds Littré Suppl.)
1890 « cavité dans laquelle prend place une pièce mobile ou non » (Ser, Phys. industr., p. 68).
Dérivé de loger ; suffixe -ment.

HÉBERGEMENT | Synonymie

Synonymes du substantif logement : → habitation
→ maison
→ demeure
→ abri
→ nid
→ toit
→ logis
→ chambre
→ appartement
→ gîte
→ pénates
→ studio
→ résidence
→ quartier
→ niche
→ domicile
→ séjour
→ pied-à-terre
→ local
→ hébergement
→ habitat
→ garçonnière
→ chacunière
→ casernement
→ cantonnement
→ box
→ urbanisme